Dylan Wykes : surmonter les difficultés dans la nouvelle ère des courses sur route
Si vous avez suivi la carrière de Dylan Wykes, vous savez qu’il n’est pas du genre à se faire étiqueter dans une seule catégorie : il préfère s’adapter aux difficultés qu’il rencontre dans son cheminement de coureur professionnel. L’homme de 37 ans s’est réinventé à maintes reprises dans le monde de la course, depuis sa première victoire aux championnats de l’OFSAA au secondaire. Il a d’ailleurs atteint des objectifs dont bien des athlètes rêvent. Représenter le Canada aux Jeux olympiques de 2012? Fait. Lancer un programme d’entraînement très bien coté? Fait. Gagner le Championnat canadien du 10 km chez les hommes en 2019? Fait.
Mais il n’est pas du genre vantard. Simple et plein d’entrain, Dylan aime plaisanter à propos de son « syndrome de l’imposteur » caché. On pourrait facilement le considérer comme étant arrogant avec tout l’éclat qu’il apporte à la course et à l’entraînement, mais il est évident que ces domaines sont très importants à ses yeux et qu’il a une approche très optimiste.
La raison? Chaque étape de son cheminement sportif l’a rapproché de la communauté de coureurs et de sa famille, qui sont sa plus belle récompense.
Moment olympique
On pourrait affirmer que la voie qui a mené Dylan à son expérience la plus marquante en tant qu’athlète professionnel a commencé par son record personnel le plus important de sa vie, soit lorsqu’il a terminé au 7e rang au Marathon de Rotterdam avec un temps de 2:10:47. À ce moment, il s’agissait du deuxième temps le plus rapide pour un Canadien, ce qui l’a catapulté aux Jeux olympiques de 2012, qui constituent le moment le plus mémorable de sa carrière professionnelle.
« Je n’oublierai jamais la poussée d’adrénaline et l’émotion que les acclamations de la foule m’ont données », explique-t-il, ajoutant que son expérience à la ligne de départ du marathon olympique à Londres ne s’est pas du tout déroulée comme le reste du parcours.
« Le parcours commence pratiquement devant le palais de Buckingham.
Évidemment, pour des raisons de sécurité, aucun partisan n’est admis à la ligne de départ. C’était vraiment bizarre », précise-t-il.
Après presque 1 km, il a passé sous une arche et quitté la zone très sécurisée. Et BAM!
« C’était irréel », se souvient-il. « Je suis passé d’une zone vide (sans foule) à une zone pleine à craquer.
Et je me suis mis à rire. C’était tellement frappant, ma première réaction a été de rire. Et ç’a été comme ça pour le reste de la course. »
Le fait de voir tant de drapeaux canadiens dans la foule était une source de fierté et de motivation. Mais il y avait une personne qui avait une importance particulière : sa copine, maintenant devenue son épouse, qui lui envoyait la main.
« Voir un proche donne un surplus d’énergie », soupire-t-il. « La veille, elle m’a dit qu’elle avait trouvé un bon endroit pour l’encourager et qu’elle serait là. À la première boucle, j’ai levé les yeux et je l’ai vue. Ça signifiait beaucoup pour moi. »
Prochain chapitre : devenir entraîneur
Après les Jeux olympiques de 2012, Dylan s’est fait inviter à des événements, à des clubs de course et à des organisations sportives. D’autres coureurs, pour qui il était une source d’inspiration, voulaient en savoir davantage sur son entraînement et comment atteindre leurs objectifs. Dylan s’est alors découvert une nouvelle passion.
« J’ai juste profité des occasions qui se présentaient. Dans le passé, j’aurais probablement décliné ces offres puisque j’accordais la priorité à l’entraînement », admet-il. « J’ai changé après les Jeux olympiques : je me suis ouvert les yeux et j’ai pris conscience de la communauté de coureurs amateurs, qui représente les quelque 20 000 autres participants aux événements auxquels j’ai moi aussi participé. Et cette communauté est réellement importante. Je savais que ma portée pouvait être plus grande, et que ma communauté pouvait s’agrandir. »
C’est à ce moment que l’idée de devenir entraîneur est devenue omniprésente dans son esprit. Une ambition persistante. Le coureur Mike Woods, qui est devenu un cycliste professionnel, l’a convaincu de devenir entraîneur à temps plein. Peu de temps après, ils ont créé Mile2Marathon en 2013.
« On ne fait pas seulement préparer un plan d’entraînement de base pour aider quelqu’un à faire une course. En 2020, l’entraînement concerne plutôt l’investissement à l’égard d’une personne, d’apprendre à connaître la personne et de découvrir ce qui la motive. Ce n’est pas une approche universelle. » Dylan souligne le fait que depuis quelques années, les gens ont davantage accès à des mentors (et en font de plus en plus la recherche).
« Les gens sont prêts à beaucoup investir dans leurs objectifs, peu importe leur nature », explique-t-il. « L’entraînement a évolué et est devenu un cheminement commun. »
Ce cheminement commun est vraiment différent cette année. La pandémie mondiale a modifié la vie de tous les athlètes, et les populations du monde entier sont à différentes étapes de quarantaine afin de minimiser la propagation de la COVID-19.
« C’est étrange », avoue Dylan. « J’aime beaucoup entraîner des gens et de les orienter et les encourager pendant une séance en personne, mais il est également utile d’explorer les environnements virtuels. »
La famille et la communauté sont au cœur de sa vie
Bien des gens ont assumé, à tort, que Dylan et sa famille avaient déménagé de Vancouver à Ottawa en 2018 pour sa carrière de coureur, mais la vérité est que son épouse a décidé de relever un gros défi : elle a été acceptée en sciences de la santé à l’Université Carleton.
« Nous aimons vivre à Ottawa », affirme-t-il. « Nos filles, qui sont âgées de 3 ans et 5 ans, aiment bien voir leurs grands-parents plus souvent. Et il y a plein d’activités intéressantes à faire tout en respectant les mesures de distanciation physique », indique Dylan. Évidemment, pour l’instant, il reste à la maison avec sa famille, tout comme nous!
Il adore vivre plein d’aventures avec son épouse et leurs filles. La pandémie n’a pas que des effets négatifs! Dylan affirme que les femmes de sa vie le soutiennent pendant ses courses longue distance et qu’elles l’ont encouragé le long du parcours du 10K d’Ottawa l’an dernier, lorsqu’il a remporté le Championnat canadien du 10 km chez les hommes. « C’était un moment magique de les voir à environ 1 km de la ligne d’arrivée, près du pont Pretoria », dit-il avec un grand sourire.
Un des aspects qui le frappe le plus lorsqu’il est à Ottawa est la communauté de coureurs.
« Ici, les gens profitent de l’hiver », dit-il, impressionné. « Ils continuent de vaquer à leurs occupations et ils gardent une attitude positive, même lorsqu’ils s’entraînent à -30 degrés Celsius, les deux pieds dans la neige. À Vancouver, quelques flocons et c’est la panique générale partout dans la ville! »
Si vous voulez essayer un entraînement à la Dylan Wykes, il recommande ce qu’il appelle son « parcours des ponts », qui comprend des segments plats et vallonnés, et qui passe à des endroits figurant parmi les plus magnifiques à Ottawa. « Un des beaux aspects de courir à Ottawa est que vous devez rarement composer avec la circulation routière, grâce aux nombreux sentiers », souligne-t-il.
Son parcours en boucle commence sur le sentier du canal, près de Lansdowne. Il se dirige ensuite vers le parlement, suit la rivière des Outaouais puis l’enjambe par le pont Champlain jusqu’au Québec, où le sentier devient plus couvert en raison des arbres. Une fois derrière le Musée canadien de l’histoire, le parcours monte jusqu’au pont Alexandra et revient près du canal, jusqu’à la partie sud du Vieux-Ottawa.
« Comme je ne suis pas de la région, c’est spécial de pouvoir fouler le sol de deux provinces en une seule course. »
Un nouveau rôle dans le monde de la course
Au début de 2020, Dylan a accepté un rôle important : il a remplacé Manny Rodrigues en tant que coordonnateur des athlètes professionnels pour la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa, qui est le plus grand événement de course au Canada. Pour Dylan, ce rôle est une autre façon de redonner à la communauté des coureurs et de s’engager encore davantage à Ottawa. C’est le plus grand défi qu’il a dû relever (et le plus gratifiant) jusqu’à présent.
« J’ai participé à de nombreuses courses au Canada et dans le monde en tant qu’athlète professionnel, mais je n’ai jamais pu réellement apprécier tout ce qu’ils accomplissent », affirme-t-il. « Lorsque j’ai accepté le poste, je voulais être en mesure d’apporter ma contribution au volet professionnel du sport, d’une façon autre que la concurrence. Ce rôle semblait être la réponse à mon souhait. C’était agréable de recruter des athlètes professionnels et d’en faire un groupe. J’étais très motivé et investi dans le projet », explique-t-il.
Au début, je pensais que ce serait de courte durée. En mars, lorsque la pandémie de COVID-19 a éclaté, une « nouvelle normalité » a vu le jour. » La Fin de semaine des courses a été annulée, et Dylan a senti la profonde déception des coureurs qui s’entraînaient en vue du weekend des 23 et 24 mai. Plutôt que de se sentir vaincu, Dylan était prêt à adopter une toute nouvelle approche… Et maintenant une nouvelle page d’histoire sera écrite le 1er juillet!
Grâce au soutien d’Athlétisme Canada et des coureurs professionnels participants, le Championnat canadien du 10 km aura tout de même lieu, mais prendra un virage virtuel : en effet, le Championnat canadien virtuel du 10 km, une première en 46 ans d’histoire pour la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa (et dans l’histoire du Canada!).
« Nous étions en territoire inconnu », précise Dylan, lorsque l’événement virtuel n’était encore qu’une idée prometteuse. « Une épreuve virtuelle pour faire office de championnat national? Pourquoi pas? Heureusement, Ian Fraser, notre directeur de course, a très bien accueilli la proposition. »
Malgré quelques difficultés pour la communauté des coureurs, Dylan considère la situation comme étant une occasion en or et une toute nouvelle façon de connecter les coureurs entre eux, malgré les restrictions imposées en raison de la pandémie.
« Un des gros points positifs, c’est que les gens peuvent participer sans avoir à voyager. Ils peuvent participer aux mêmes événements virtuels avec nous, au Canada. L’événement virtuel aura certainement des éléments intéressants à utiliser pour les éditions ultérieures, même si elles ont lieu en personne comme auparavant. Les courses en personne pourraient avoir une allure différente à l’avenir. »
Une chose est certaine : Dylan est prêt à relever le défi!
Voir la liste de coureurs du qui participent au Championnat canadien virtuel du 10 km ici: https://raceroster.com/events/2020/32373/virtual-canadian-10k-championships-2020/participants