Parlons course avec Lanni Marchant

Originaire de London (ON), Lanni Marchant est à la fois la meilleure marathonienne du Canada (PB 2:31:51) et une avocate au pénal qui pratique le droit à Chattanooga (Tennessee). Avec ses multiples talents, elle a été sur une série de victoires cette année ; elle remporté le Around the Bay 30K de Hamilton (dans un record de parcours de 1:44:39) et le Yonge St. 10K de Toronto, sans oublier de mentionner une fin de course en première canadienne au 10K d’Ottawa de cette année. La fin de semaine dernière, elle a arraché de force une fin de course incroyablement difficile par près de 30 degrés alors qu’elle représentait fièrement le Canada au marathon des Championnats mondiaux de l’IAAF.

Lanni a gracieusement pris un peu de temps pour s’entretenir avec nous pendant la semaine qui précédait les Championnats mondiaux.

Q : Comment avez-vous commencé à courir la distance de marathon ? Quand avez-vous su que c’était une course que vous alliez poursuivre au niveau le plus élevé ?

Lanni : J’ai fait mes débuts dans cette distance dès ma graduation de la faculté de droit. Le plan avait été de courir un marathon, en espérant le faire assez bien, puis de passer au nouveau défi de ma vie comme avocate. Après mes débuts à Ottawa en 2011 (2:49 haut), j’ai décidé que je n’avais pas de problème à m’entraîner tout en travaillant, et je me suis donné comme objectif de courir un peu plus vite à Chicago (2:44 bas). Mais mon objectif était encore de devenir une avocate chevronnée, et la course était secondaire. Mais le jour de mon assermentation au Barreau du Tennessee, mon ancien employeur m’a parlé de son idée d’aller faire de l’entraînement au Kenya pour une partie de l’hiver. Il a fallu me convaincre, mais éventuellement j’ai accepté d’essayer. Je n’avais pas prévu que ça changerait beaucoup pour moi, autrement que de courir plus de distance (d’une soixantaine de milles par semaine pour Chicago à une centaine au Kenya). J’ai travaillé à distance pendant que j’étais là-bas et je suis retournée à un emploi à plein temps à mon retour. J’avais prévu courir à Rotterdam, mais là encore, c’était plus un défi pour moi-même, de courir plus vite. J’ai eu un énorme PB à Rotterdam (2:31:51), mais j’ai aussi dû rentrer aux É.-U. sans emploi. Je pense que le déroulement des événements pendant ces quelques jours m’est un peu apparu comme un signe de Dieu que c’était « correct » de rabattre ma vie d’avocate et de me concentrer sur la course pour un bout de temps.

Q: Cette année, vous avez couru (et gagné) des distances de 10K à 30K. Mais c’est au marathon que vous courez aux Championnats du monde. Quelle est votre distance de course préférée et pourquoi ?

Lanni: C’est difficile de choisir une distance. Les 10k sont très amusants et ils m’aident à me maintenir bien au point. Les demi-marathons et les 30k sont aussi amusants à leur façon. Vous avez l’occasion de tester votre force mentale différemment à chaque distance. J’ai fait 3 marathons et je me suis surtout plu à l’expérience… pas nécessairement tout le temps pendant la course, mais j’ai toujours terminé et je suis excitée à l’idée de faire la suivante et de voir si je peux faire mieux.

Q: Quand vous n’êtes pas à l’entraînement comme marathonienne d’élite, vous travaillez comme avocate au pénal au Tennessee. Comment réalisez-vous un équilibre entre ces deux occupations très exigeantes ? Est-ce que votre course influence votre pratique ?

Lanni: J’ai la très bonne fortune d’être au cabinet d’avocats où je suis présentement (Speek & Webb). Les partenaires là-bas comprennent que la course est ma priorité, mais que je veux continuer à accumuler une expérience juridique. Je m’entraîne avant et après le travail, les jours où je dois être au tribunal ou au bureau, et je garde contact par courriel autrement. Je me concentre beaucoup sur la rédaction de brefs juridiques et de mémorandums de recherche, sur lesquels je peux travailler de chez moi entre les sessions d’entraînement.

Je crois fermement que la course influence mon travail. Comme c’est beaucoup le cas des athlètes étudiantes, je suis obligée de bien gérer mon temps. Aussi, je sens comme si je prépare et j’attaque ma recherche de façon très semblable à ce que je fais pour une activité sportive. Faites le travail préliminaire et vous serez prête à présenter votre plaidoirie ou à courir votre course. Je trouve que mes courses sont habituellement le moment où j’ai des idées nouvelles sur un terme de recherche ou une nouvelle idée sur la façon de traiter une cause.

Q: Vous êtes cette année sur une lancée, avec plusieurs victoires et meilleurs chronos personnels. Y a-t-il quelque chose en particulier qui s’est déclenché dans votre entraînement et/ou votre course ?

Lanni: Je pense que cette année a beaucoup été une affaire de constance dans l’entraînement et de maintien de ma concentration. Je me suis infligé quelques blessures l’été et l’automne derniers, mais je n’ai pas laissé ça me tenir éloignée de l’entraînement croisé et de la préparation mentale pour ce printemps. Je pense que j’ai fini par comprendre mon corps (et ses limites) beaucoup mieux ces deux dernières années, ce qui m’a beaucoup aidée.

Q: Nous ne sommes qu’à quelques jours des championnats mondiaux. Qu’est-ce que vous attendez de cette expérience ? Comment cela s’intègre-t-il à vos objectifs à long terme ?

Lanni: Je suis très excitée d’avoir l’occasion de courir contre certains des meilleurs coureurs au monde et de représenter le Canada. À long terme, je veux seulement profiter de cette expérience et j’espère qu’elle fera de moi une meilleure coureuse et qu’elle me pavera la voie vers Rio.

Q: Pour finir, pouvez-vous nous dire quel est votre souvenir préféré de votre course à Ottawa ? Pouvons-nous espérer vous revoir en compétition à Ottawa ?

Lanni: J’ai adoré revenir à Ottawa. J’ai vécu ici pendant mes deux premières années d’études en droit, et c’est ici que j’ai fait mes débuts au marathon. Ce fut splendide de savoir que j’avais beaucoup d’amis dans la foule et je me suis éclatée à courir dans un parterre aussi fort. C’est sûrement une course où je prévois revenir.

Merci, Lanni ! Au plaisir de vous revoir et de vous encourager encore une fois dans votre course à Ottawa.