Prévenir avant de courir

Par Dr. Jon Hooper

Prendre une aspirine le jour de la course, une sage décision?

On a plusieurs choses en tête quand on se prépare pour un 10 km ou une course plus longue. En revanche, personne n’aime penser au risque d’infarctus ou d’arrêt cardiaque qui plane au-dessus du parcours.

Si, malheureusement, ces événements catastrophiques se produisent, ils ne sont heureusement pas trop fréquents.

On dénombre plus d’infarctus, d’arrêts cardiaques et de décès associés chez les hommes de plus de 40 ans et lors de marathons (bien que des femmes et des coureurs plus jeunes en sont aussi victimes, et que des distances plus courtes ne nous en mettent pas à l’abri). L’athérosclérose, c’est-à-dire le durcissement des artères, est habituellement à l’origine de ces problèmes cardiaques.

L’aspirine a fait ses preuves depuis longtemps dans la prévention et le traitement de tels accidents auprès de patients qui présentent des facteurs de risque d’athérosclérose.

De nombreux médecins de course se demandent aujourd’hui si la prise d’une aspirine le jour de la course pourrait réduire le risque d’accident cardiaque chez les coureurs.

Bien qu’aucune étude n’ait encore vérifié cette hypothèse, celle-ci est suffisamment défendue pour qu’un groupe de médecins de course (l’Association internationale des directeurs médicaux de marathon) diffuse l’avis suivant :

« À moins d’une contre-indication particulière, les coureurs de fond, surtout les hommes âgés de plus de 40 ans, devraient prendre une aspirine avant une course, moyennant l’approbation de leur médecin, avec qui ils auront discuté des risques et des avantages d’une telle pratique. »

Ces médecins proposent que tous les hommes de plus de 40 ans prennent une aspirine à faible dose (81 mg) le jour d’une course de 10 km ou plus, à moins d’une contre-indication.

Quelles sont ces contre-indications?

  • Une allergie à l’aspirine;
  • Un trouble hémostatique (l’aspirine accroît très légèrement le risque de saignement);
  • La prise d’anticoagulants (voir le point précédent);
  • Des antécédents d’ulcères à l’estomac ou de saignements gastro-intestinaux;
  • En théorie, l’aspirine peut aggraver des problèmes rénaux causés par l’épuisement dû à la chaleur et à la déshydratation.

Cet avis a soulevé une certaine controverse et donné lieu à d’intéressantes discussions dans les forums sur la course et dans la littérature médicale.

Que devriez-vous faire?

Si vous prenez déjà de l’aspirine en raison de facteurs cardiovasculaires, continuez de le faire.

Si vous présentez des facteurs de risque d’athérosclérose (hypertension, diabète, tabagisme, etc.), songez sérieusement à prendre une aspirine à faible dose (81 mg) avant de courir (parlez-en à votre médecin).

Si vous êtes un homme âgé de plus de 40 ans, que vous ne présentez pas de facteur de risque notable et que vous courez sur des distances de 10 km ou plus, soupesez le risque d’une telle pratique. Celui-ci est assez faible, tout comme celui de souffrir d’un problème cardiaque grave.