Les champions canadiens du 10 km seront couronnés à Ottawa
par Paul Gains
Comme le 10K d’Ottawa attire des coureurs d’élite du monde entier, il n’est pas étonnant que l’édition 2016, qui se déroulera le 28 mai, porte une fois de plus le Label d’or de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF).
Nous devons au travail de Manny Rodrigues, coordonnateur de longue date des athlètes d’élite, le récent ajout au plateau international des Kényans Peres Jepchirchir, vainqueur du Championnat du monde du demi-marathon IAAF 2016, Wilson Kiprop, ancien vainqueur du Championnat du monde du demi-marathon (et gagnant du 10K d’Ottawa 2014), et Nicholas Bor, le champion en titre.
Derrière le peloton des vedettes internationales se jouera une autre course sur le parcours roulant d’Ottawa : le Championnat canadien du 10 km, avec médailles et plus de 15 000 $ en bourses à l’enjeu.
Cela ne veut pas dire que les athlètes canadiens occupent une sous-catégorie, bien au contraire. L’an dernier, Lanni Marchant termine troisième en 31:49 en abaissant sa marque personnelle, tandis que son amie et rivale Natasha Wodak la suit en quatrième, à 10 secondes. Les deux habituées de la course d’Ottawa ont atteint les standards olympiques 2016 au 10 000 m, et Marchant sera aussi du marathon à Rio.
« C’est une course très compétitive et Manny arrive toujours à réunir un plateau de qualité », a récemment déclaré Marchant, de sa base d’entraînement en altitude à Flagstaff, en Arizona. « Je suis heureuse de retourner à Ottawa; je cours toujours très bien là-bas. La course de l’an dernier a été marquante dans ma progression sur la route. »
« C’était la première fois que j’essayais de tenir avec les Africaines. Je vais encore tenter le coup cette année et essayer de bâtir ma confiance pour Rio, pour que ce soit moins épeurant rendu là-bas et un moins gros choc pour le système. »
L’athlète de 32 ans, née à London, en Ontario, a déjà couru deux 10 km sur route cette saison. Elle a terminé huitième au World’s Best 10k à Puerto Rico avant de gagner la Vancouver Sun Run, les deux en 32:15. Entretemps, elle a représenté le Canada au Championnat du monde du demi-marathon IAAF à Cardiff, au Pays de Galles, où elle a fini 20e en 1:11.26, assez pour prouver sa forme à Athlétisme Canada et obtenir son billet pour les Jeux.
Outre une semaine passée au niveau de la mer avant chacune de ces trois courses, elle s’est entraînée en altitude au Kenya et à Flagstaff pendant trois mois.
« Évidemment, le but est de terminer première Canadienne, poursuit Marchant. Le rythme était vraiment rapide dès le départ l’année dernière. Si c’est le même scénario cette année, tant mieux, sinon, comme ça a été le cas au World Best 10k et à la Vancouver Sun Run, je vais courir pour un classement. »
« Je suis capable de courir contre la montre. Je suis une marathonienne, on court toujours contre la montre au marathon. Ce dont j’ai besoin, c’est d’apprendre à courir dans le peloton, à réagir aux coureuses autour de moi. C’est ce qui va m’aider le plus pour Rio. »
Natasha Wodak, qui a établi un record canadien de 31:41.59 au 10 000 m il y a un an, revient d’une fracture de stress au pied, mais croit que sa forme sera au rendez-vous lorsqu’elle s’alignera sur la ligne de départ. Laura Batterink, qui a terminé la Payton Jordan Invitational en 33:23, et Kate Bazeley, qui a repris la forme après avoir donné naissance à sa deuxième fille, sont également au nombre des prétendantes canadiennes.
Reid Coolsaet est la principale tête d’affiche chez les hommes canadiens, même si sa préparation est loin d’avoir été optimale. Après avoir passé l’hiver à s’entraîner au Kenya, il a été atteint d’un inexplicable problème au bas du dos qui lui cause des douleurs aux ischio‑jambiers. Pendant plusieurs semaines, il doit se limiter à courir 16 kilomètres par jour, en complétant son entraînement à la piscine et au gymnase.
« Au début de l’année, je voyais le 10K d’Ottawa comme une occasion de rivaliser avec les coureurs internationaux. Mais à cause de ma blessure en avril, je vais passer le mois de mai à faire du foncier plutôt qu’à m’entraîner spécifiquement pour un 10 km. Mes attentes pour Ottawa sont donc un peu différentes », explique-t-il.
« Par contre, chaque fois que je m’aligne sur un championnat canadien, j’y vais pour gagner. La différence est que cette fois, je ne serai peut-être pas en train de chasser le peloton de coureurs internationaux. »
Le meilleur temps de Coolsaet sur la route est de 29:10, mais comme il a déjà fait 27:56.9 sur la piste, il est évident qu’il peut aller plus vite.
« Quand je m’entraînais au Kenya avec Nicholas Bor, mon but aurait certainement été de courir autour des 28 minutes, mais étant donné que je reviens tout juste d’une blessure, je serais très heureux de faire 29 minutes ou un peu au-dessus », ajoute-t-il.
Cela devrait lui suffire pour un autre titre canadien. Pour ce qui est des autres places sur le podium, la compétition s’annonce plus forte que jamais.
À commencer par l’Albertain Keenan Viney, auteur d’un record personnel de 30:27 à Ottawa il y a un an. Kevin Friesen, de Vancouver, neuvième de la Vancouver Sun Run en 29:35, et Tristan Woodfine sont aussi des candidats au podium.
Woodfine, un résident de Guelph, en Ontario, a réalisé un très bon temps de 28:56.53 au 10 000 m sur piste il y a deux ans. Et si Matt Loiselle réussit à trouver sa forme, il pourrait être dans la mêlée. Il avait représenté le Canada au Championnat du monde du demi-marathon IAAF à Birmingham en 2009, mais, de ses propres dires, il fait du rattrapage à l’entraînement en ce moment.
Quelles que soient les conditions, le Championnat canadien promet d’être une belle course et, si la température est favorable, les athlètes d’élite pourraient en profiter pour abaisser leur marque personnelle. En plus des médailles et des bourses, ce serait là une jolie prime.