L’Éthiopien Abera Kuma participera au Marathon d’Ottawa Banque Scotia

L’Éthiopien Abera Kuma pourrait bien être l’athlète le plus talentueux à participer au Marathon d’Ottawa Banque Scotia cette année. En effet, les organisateurs de l’épreuve Label d’or de l’IAAF savent qu’il pourrait battre le record de parcours.

Le coureur professionnel de 28 ans a enregistré un temps inférieur à 2:06 à deux reprises au cours de sa carrière. La première fois, c’était au Marathon de Berlin en 2014, couru en 2:05:56, où il a terminé au troisième rang. C’est à ce marathon que le Kenyen Dennis Kimetto a établi un nouveau record du monde, avec un temps de 2:02:57, qui a depuis été battu par Eliud Kipchoge. La deuxième fois, c’était également au Marathon de Berlin, mais en 2018 : il l’a terminé en 2:05:50 (son record personnel).

Abera Kuma running

Abera Kuma

Entre ces deux marathons, Abera a fait sa marque dans le monde entier. Il concentre maintenant son attention sur l’événement de la capitale nationale le 26 mai prochain

« Je veux gagner et je veux courir rapidement. J’espère que les conditions seront en ma faveur », précise-t-il. « Oui, le record de parcours est un de mes objectifs, bien que tout dépende des conditions. »

Son compatriote, Yemane Tsegay, a établi le record de parcours en 2014 (2:06:54).

Le résultat d’Abera à Rotterdam est le plus surprenant de sa carrière, particulièrement en sachant qu’il avait terminé le Marathon du lac Biwa au Japon (2:09:31) seulement 35 jours avant. Ce n’est pas la préparation idéale en vue d’un marathon de renommée mondiale.

« À Lake Biwa, je ne me sentais pas bien et je n’ai pas eu une bonne journée », explique-t-il. « J’ai couru à 95 % de ma capacité, sans être capable d’en donner davantage. Après avoir terminé l’épreuve, je me sentais encore en pleine forme et j’étais très déçu de ma performance. J’avais besoin de prendre ma revanche, et le jeu en a valu la chandelle. »

Visiblement, le niveau de confiance d’Abera est aussi élevé que ses capacités. Contrairement à plusieurs marathoniens d’aujourd’hui, il est passé à la course sur route après une carrière prolifique sur piste. Il a représenté l’Éthiopie à deux reprises au Championnat du monde de l’IAAF, où il a terminé au cinquième rang à la finale du 5 000 m en 2011 et au cinquième rang à la finale du 10 000 m à Moscou en 2013. Avec des records personnels de 13:00.15 et 26:52.85 aux épreuves de 5 000 m et de 10 000 m respectivement, il court à une vitesse de base que peu de coureurs sur route atteignent.

« Ma carrière sur piste a été courte, mais je voulais faire la transition vers la course sur route rapidement », révèle-t-il. « En revanche, la piste m’a aidé à devenir le coureur sur route que je suis.

J’aime le facteur d’endurance qui entre en jeu lorsqu’il est question de course sur route et de marathon. La course est amusante et j’aime en faire, mais c’est également mon travail. Et pour les marathons, l’aspect financier est important. » 

Les prix en argent élevés associés à la course sur route ainsi que le fait qu’il y a peu de courses sur piste offrant des prix monétaires décents ont fait en sorte que de nombreux jeunes athlètes de l’Afrique de l’Est se sont dirigés directement à la course sur route. Une première place à Ottawa vaut 30 000 $ CA, avec un montant supplémentaire de 10 000 $ CA pour un record de parcours.

Comme Abera l’a dit, courir est son travail. Et il est heureux de partager son expérience avec la relève éthiopienne, donc plusieurs jeunes coureurs qui font partie d’un groupe dirigé par l’entraîneur Tessema Abshero, qui est un ancien marathonien (meilleur temps de 2:08).

« Je conseille aux athlètes de courir sur piste, mais je suis au courant que ce n’est pas chose facile, puisque les courses sur piste sont rares de nos jours », précise Abera. 

Il ajoute que son entraînement se déroule bien maintenant, malgré une performance décevante au marathon de Mumbai, en janvier, où il a terminé 7e, en 2:13:10.

« Je me prépare très bien, et mon dernier test (un demi-marathon en Espagne, couru en 60:41) s’est bien déroulé. Je m’occupe maintenant de la partie endurance, afin de revenir en force après la course ratée à Mumbai », précise‑t‑il. « À Mumbai, les conditions étaient très difficiles (chaleur, pollution de l’air) et le parcours aussi. J’ai été avec le groupe de tête pendant longtemps, mais j’ai beaucoup souffert durant les sept derniers kilomètres. »  

« Je m’entraîne deux fois par jour. Le matin, je le fais en groupe, et l’après‑midi, je le fais seul ou avec Tesfaye Abera. Nous faisons nos courses longues le lundi (30 à 45 km), et nos courses rapides, le jeudi (20 à 30 km). Au total, je m’entraîne avec le groupe cinq fois par semaine, le matin. »

Il faut noter que le record personnel d’Abera au marathon est de 2:04:24. D’autres athlètes de ce calibre se trouvent parmi les partenaires d’entraînement d’Abera. Soulignons que tout cet entraînement s’effectue à des altitudes d’au moins 2 600 m (8 500 pi). Le travail est dur, mais le fait de vivre l’expérience en groupe atténue les moments pénibles. Les temps libres servent à relaxer et récupérer, en attendant la prochaine séance d’entraînement.

« Je passe mon temps à relaxer, devant la télévision ou en compagnie d’autres athlètes », dit Abera. « Je consacre ma vie à la course, donc je n’essaie pas de m’y évader lorsque je ne m’entraîne pas. Je m’entoure d’autres coureurs. Nous mangeons ensemble, nous prenons le café ensemble, nous regardons le tennis de table à la télévision ensemble. »

Abera sait bien qu’à la course d’Ottawa, il affrontera d’autres athlètes de haut niveau, mais la concurrence ne l’inquiète pas. Après tout, c’est ce qui l’aidera à se rapprocher de son record de parcours tant convoité.

 Par Paul Gains