Jason Dunkerley

Ce mois-ci nous avons parlé au gagnant à deux reprises d’une médaille aux Jeux paralympiques de Londres 2012 (et résident d’Ottawa) pour lui demander comment il en est venu à prendre le départ comme coureur d’élite de distance moyenne, ce qu’il voit venir pour le mouvement paralympique et ce qu’il aime de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa.

1. Depuis combien de temps faites-vous de la course ?  Comment avez-vous commencé comme coureur de distance moyenne ?

J’étais assez actif quand j’étais enfant, mais c’est à l’école secondaire que j’ai commencé à courir plus sérieusement.  J’allais à une école pour aveugles où nous étions encouragés à essayer divers sports, et j’ai attrapé le virus de la course et je fais de la course depuis ce temps-là.

2. Comme athlète avec déficience visuelle, vous courez avec un guide, Josh Karenga.  Comment vous-êtes-vous rencontrés, Josh et vous ?

À l’école secondaire, Josh Karenga a eu comme entraîneur Ian Clark, mon entraîneur actuel.  L’été dernier Josh est revenu à Ottawa après avoir bénéficié d’une bourse en athlétisme à la Eastern Michigan University, où il avait été fait partie de l’équipe américaine dans la course à obstacles.  À ce moment-là, je me cherchais l’aide d’un guide de course et Josh a accepté d’essayer.  Il n’avait jamais fait ça avant, mais nous avons accroché immédiatement et nous avons pris la décision d’aller de l’avant comme équipe et de viser les Paralympiques de Londres.

3. En 2012, les organisateurs de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa ont introduit une nouvelle catégorie pour les coureurs aveugles et malvoyants dans le 10K.  Quel genre de réponse la nouvelle catégorie a-t-elle suscité ?

La réponse a été énormément positive, avec l’inscription de dix-neuf participants aveugles et malvoyants.  En fait je pense que ça a beaucoup fait pour mettre la course d’handicapés visuels sur la carte dans la région de la capitale nationale.  Beaucoup de personnes avec déficience visuelle ne grandissent pas avec les sports et ne sont jamais encouragées à participer à une activité physique.  Je pense que la course a fait deux choses vraiment bonnes : elle a offert un environnement « sûr » et accueillant aux participants prospectifs qui ont une déficience visuelle et qui auraient autrement hésité à se manifester, et elle a aussi montré au public que des gens de tous les niveaux de capacité peuvent participer.  C’est l’idée dont nous faisons la promotion dans l’organisation pour laquelle je travaille, l’Alliance de vie active pour les Canadiens/Canadiennes ayant un handicap, un mouvement national consacré à la santé du 15 % des Canadiens qui ont une déficience.

À la Fin de semaine des courses d’Ottawa, la catégorie Handicapés visuels a été ajoutée pour la première fois en 2012, juste deux mois avant la course, ce qui fait qu’il y a un grand potentiel de promotion de la course plus largement cette année et, espérons-le, d’attirer d’autres personnes de l’extérieur d’Ottawa.  Notre communauté a été un peu déçue, l’an passé, devant le fait que les organisateurs ne fassent pas de différenciation de la catégorie Handicapés visuels dans les résultats des courses, comme on le fait avec la catégorie des fauteuils roulants, par exemple.  Nous espérons que cette situation puisse changer cette année, maintenant que nous avons un an derrière nous et le potentiel de vraiment faire croître le niveau de participation en cette prochaine année et dans les années futures.

4. Des espoirs et/ou des plans pour de futures courses de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa (soit personnellement, soit comme intercesseur pour les coureurs aveugles et malvoyants) ?  Sur quoi d’autre travaille-t-on présentement chez Achilles Ottawa ?

Oui, nous aimerions absolument avoir une part à jouer dans les futures courses – en parlant pour Achilles Ottawa et en mon nom personnel, c’est une activité extraordinaire – un des points culminants de plusieurs de nos athlètes d’Achilles Ottawa.  La Fin de semaine d’Ottawa est une des courses que nous allons cibler en 2013.

Pour ce qui est des initiatives actuelles d’Achilles Ottawa, nous préparons présentement notre première assemblée générale annuelle, qui aura lieu en novembre et au cours de laquelle nous allons élire notre premier conseil d’administration.  En plus de tenir nos courses régulières du jeudi soir dans les environs de Mooney’s Bay, nous espérons continuer à recruter de nouveaux membres (handicapés visuels et guides), nous refaisons une beauté à notre site Web (www.achillesottawa.ca) et nous espérons produire des dossards de courses Achilles pour distinguer les athlètes aveugles et leurs guides à des fins de reconnaissance et de sécurité.

5. Qu’est-ce qui rend la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa unique ou gratifiante, à votre avis ?  Des souvenirs particuliers rattachés à la Fin de semaine des courses d’Ottawa ?

Je pense que la Fin de semaine est unique et spéciale à cause de la communauté qu’elle rassemble.  Tout le monde a l’air de sortir des boiseries – des coureurs d’élite aux coureurs récréatifs, jeunes, vieux et tout le reste.  Et ils partent tous de la même ligne de départ.  Vous avez aussi tendance à tomber sur des gens que nous n’avez pas vus depuis des années, et tout le monde souhaite « essayer et prendre le risque » – pour tester son entraînement et voir où il en est.  J’imagine que cela a quelque chose à voir avec l’optimisme humain et avec l’espoir de vaincre et de réussir.  Dans une ville où l’hiver dure si longtemps, la Fin de semaine des courses d’Ottawa coïncide avec le début de l’été.  Il y a là des ondes vraiment positives et soutenantes.  Il y a peu de courses sur route qui se tiennent le soir, dans le cas du 5K et du 10K, et pas beaucoup qui vont chercher la ville de la façon dont la Fin de semaine des courses d’Ottawa le fait.  J’ai fait la course deux fois et je n’étais pas en grande forme, ni à un moment ni à l’autre, et mes souvenirs sont ceux de sensations de douleurs !  Mais l’énergie et le soutien de la foule, et le fait courir chez vous, pour ainsi dire, sont tout à fait spéciaux.  C’est vraiment une très belle course.

6. Vous avez récemment été en compétition aux Jeux paralympiques 2012 de Londres, où vous avez remporté une médaille de bronze au 1500m et une d’argent au 5000m.  Félicitations !  Votre entraîneur, Ian Clark, a fait la remarque que Londres 2012 a marqué un point tournant clair dans le mouvement des Paralympiques et du parasport.  Comment vous sentez-vous à faire partie de ce mouvement ?  Qu’est-ce qui va aider le mouvement parasport à continuer croître et à prospérer ?

Je pense que le mouvement para a beaucoup évolué pendant le temps où j’ai été en compétition.  Nul doute que c’est une époque excitante.  De voir les stades remplis à Londres, et l’intense attention des médias, et la sensibilisation du public au Royaume-Uni montrent que les Jeux commencent vraiment à parvenir à l’âge adulte.  Et de voir l’éclatement d’Oscar Pestorius après avoir perdu au 100m et le cycliste britannique s’effondrer après avoir été disqualifié – c’est du vrai.  C’est de l’émotion brute et non contrôlée à son meilleur, qui fait si intimement partie du sport à haute performance.

À un certain moment, on a pu soutenir le point de vue que « tout le monde gagne », dans le cas des Paralympiques.  Ce n’est sûrement plus le cas.  On se sent bien d’être encore dans la compétition à un moment où les Jeux commencent à se gagner la crédibilité qu’ils méritent.  Les athlètes handicapés du monde s’améliorent et une partie de la force motrice qui les appuie vient des mesures d’incitation mises à la disposition de beaucoup d’athlètes.  Comme dans les sports pour athlètes sans handicaps, les mesures d’incitation encouragent parfois les gens à « contourner » les règles.  Le système de classification, qui divise les athlètes en groupements fonctionnels sur la base de leurs degrés d’handicaps, est un système défectueux qui n’est pas effectivement mis en application par le Comité paralympique international.  Il n’est pas difficile, pour les athlètes, de tricher avec le système et de « prétendre » être plus sévèrement handicapés qu’ils le sont, ce qui a pour effet de leur donner un avantage indu.  C’est probablement le secret le moins bien gardé dans le sport paralympique, et l’avance du mouvement à partir du point où il se trouve dans le moment va vraiment dépendre dans une large mesure de ce que fera le Comité paralympique pour corriger ce problème systémique.

Merci, Jason !  Pour visiter le site Web d’Achilles Ottawa, cliquez ici.