Tirfi Tsegaye revient à la compétition au Marathon d’Ottawa Banque Scotia
Il y a trois ans, avant de donner naissance à son fils, Tirfi Tsegaye s’était classée parmi les meilleurs marathoniennes au monde grâce à ses performances remarquables. Maintenant, après avoir graduellement repris l’entraînement depuis l’arrivée du petit Tilember Miresa, la coureuse olympienne éthiopienne fera son retour sur la scène de la course au Marathon d’Ottawa Banque Scotia, le 26 mai prochain.
Tirfi, qui est âgée de 34 ans, a fait le meilleur temps au monde pour le marathon, soit 2:19:41, en janvier 2016 à Dubaï. Trois mois plus tard, elle a terminé au deuxième au Marathon de Boston. Aux Jeux olympiques de Rio, elle a manqué le podium de seulement 17 secondes : elle a fini au quatrième rang avec un temps de 2:24:47. 2016 a été une année incroyable pour elle.
Et comme si ce n’était pas suffisant, elle a aussi remporté le Marathon de Tokyo et le Marathon de Berlin en 2014, en plus de terminer au troisième rang à celui de Londres. Peu d’athlètes ont réussi à monter sur le podium d’une épreuve des World Marathon Major, alors imaginez quatre!
« L’entraînement se déroule bien », explique Tirfi, qui habite à Addis-Ababa. « Mais ce n’est pas comme avant. C’est un peu différent de revenir après une si longue période. Je me suis ennuyée. En fait, je me suis plus ennuyée de l’entraînement que des compétitions. Je suis très heureuse de faire le Marathon d’Ottawa. »
Sous la supervision de son entraîneur, Gemedu Dedefo, elle a lentement retrouvé la forme aux côtés de ses loyales partenaires d’entraînement Shure Demise, gagnante à deux reprises du Marathon de Toronto, et Alia Mohammed, gagnante du 10K d’Ottawa en 2018, entre autres.
Pendant son congé, Tirfi s’est séparée de son mari. Elle jongle entre la maternité et l’entraînement, ce qui pourrait sembler difficile, mais comme elle est très disciplinée et expérimentée, elle s’en sort bien.
« Ce n’est pas de tout repos, mais j’arrive à tout gérer », admet-elle. « J’ai une nounou. Elle prend soin de mon fils et fait les commissions. Lorsque je reviens de l’entraînement, je suis épuisée et c’est très rassurant d’avoir quelqu’un pour m’aider à la maison. »
« Une grossesse est très éprouvante physiquement et mon congé a été très thérapeutique. Je sens que je suis prête. »
Tirfi a grandi à Bekoji, qui est situé à 220 kilomètres au sud de la capitale éthiopienne, Addis-Ababa. Bekoji a été immortalisée dans le documentaire Town of Runners. En effet, un grand nombre de champions olympiques sont des « diplômés » de l’entraîneur local Sentayehu Eshetu. On pense notamment à Kenenisa Bekele, Tirunesh Dibaba et Derartu Tulu.
« Grandir à Bekoji a été très inspirant », précise Tirfi. « Derartu était une grande inspiration pour moi puisque nous nous ressemblions. Mon entraîneur était Sentayehu Eshetu lorsque j’habitais à Bekoji. Je suis déménagée à Addis en 2008. »
« Derartu, Haile (Gebrselassie), Kenenisa et d’autres m’ont grandement incitée à essayer et à me dépasser. Je suis tombée en amour avec leur dévouement lorsque je les ai vues à la télévision. »
Comme le prouve son impressionnant curriculum vitæ, Tirfi met la barre très haute en ce qui la concerne, même pour son épreuve de retour. Bien qu’il soit difficile de prédire les résultats d’un marathon, il est improbable que Tirfi, ou son entraîneur Gemedu, aient confirmé sa présence à moins qu’elle ne soit réellement prête. Mais il reste quand même l’élément de l’inconnu.
Son gérant italien, Gianni DeMadonna, lui a fait remarquer que le record de parcours (2:22:17) a été établi par sa compatriote Gelete Burka l’année dernière, mais que cela était secondaire puisque le but ultime est qu’elle fasse un retour réussi. Une victoire lui apporterait 30 000 $ CA et si elle bat le record de parcours, elle empochera une somme supplémentaire de 10 000 $ CA. C’est un facteur important.
« Ottawa est un événement d’envergure pour moi puisque je dois retrouver ma formule gagnante », précise-t-elle. « J’ai de grandes attentes pour Ottawa et je vais faire de mon mieux. »
« Ce ne sera pas facile de battre le record établi par Gelete l’année dernière. Mais je pense que si je fais de mon mieux, je crois que je peux y arriver. Je ne suis pas familiarisée avec le parcours ni le climat. Et je n’ai pas parlé de l’épreuve avec d’autres athlètes. Bientôt j’espère. »
Si elle franchit la ligne d’arrivée en premier, elle serait la dixième athlète éthiopienne consécutive à remporter cette épreuve Label d’or de l’IAAF. Tirfi a donc accès à plusieurs ressources pour obtenir des conseils sur la façon d’attaquer le parcours à Ottawa.
Sa pause de presque trois ans de la compétition lui aura certainement permis de se remettre de l’accumulation de stress physique, avec laquelle elle aurait normalement dû composer si elle n’avait pas eu un enfant. Elle peut donc se permettre de rêver un peu en pensant à ses prochains objectifs.
« Si tout va comme prévu, j’aimerais participer aux Olympiques de Tokyo en 2020. Je vais faire tout mon possible », confirme-t-elle.
Mais tout d’abord, elle doit remonter sur le podium d’une épreuve Label d’or de l’IAAF. Et Ottawa est un bon choix pour y arriver!
par Paul Gains