L’Ougandais Moses Kipsiro : aspirant au titre de champion du Marathon d’Ottawa Banque Scotia
Le 4 mai 2017 | par Paul Gains
Bien que son meilleur temps soit presque 8 minutes plus lent que le record d’épreuve, l’Ougandais Moses Kipsiro devrait faire une chaude lutte au contingent d’Éthiopiens au Marathon d’Ottawa Banque Scotia, qui aura lieu le 28 mai prochain.
Kipsiro, 30 ans, a gagné à trois reprises le Championnat du Commonwealth (5 000 m/10 000 m) et est un redoutable compétiteur, mais il a connu quelques difficultés depuis la dernière décennie.
Aux Jeux olympiques de 2008, il a raté le podium d’une place. Quatre ans plus tard, aux Jeux olympiques de Londres, il est tombé pendant la finale de l’épreuve du 10 000 m et a terminé au dixième rang. Ce n’est que l’année dernière qu’il est passé au marathon; il a enregistré son meilleur temps (2:14:18) au Marathon New York de 2016, où il a terminé au septième rang. Il se prépare maintenant à montrer au monde ce dont il est capable sur une longue distance.
« Jusqu’à présent, je n’ai fait que deux marathons et j’apprends encore », nous a-t-il indiqué de Kaptagat, au Kenya, où il s’entraîne. « À mon premier marathon, à Hamburg (en avril 2016), j’avais une cadence de 2:06, mais vers la fin de l’épreuve, mon corps a commencé à abandonner, littéralement. »
« J’ai par la suite appris que je souffrais de la malaria au moment de l’épreuve. Le Marathon de New York était une épreuve tactique dès le début et son parcours était plus difficile. Mais après New York, je savais que j’étais capable de faire un bon temps à un marathon. »
Hamburg n’était pas la première épreuve qu’il faisait en étant affaibli par une maladie. Pendant la saison de course 2011 en Europe, il ne comprenait pas pourquoi il souffrait d’une fatigue extrême et qu’il avait des performances médiocres. Malgré qu’il ait obtenu un record personnel au 5 000 m avec un temps de 12:50:72, il se sentait si faible après avoir franchi la ligne d’arrivée qu’il s’est presque effondré. Plus tard, après avoir subi des analyses sanguines, il a appris qu’il souffrait de la malaria et de la fièvre typhoïde.
« Je me suis entraîné sérieusement pour mes deux marathons précédents. J’ai beaucoup appris de ces expériences et je suis maintenant prêt à montre ce dont je suis réellement capable au marathon », explique-t-il. « Mon entraînement se déroule très bien. Je suis vraiment satisfait d’avoir connu une longue période sans blessure, ce qui a été ma plus grande difficulté au cours des dernières années. »
« Je m’entraîne dans ma ville, à Kapchorwa (Ouganda), ainsi qu’au camp d’entraînement PACE à Kaptagat, au Kenya. Lorsque je suis en Ouganda, j’ai un groupe qui m’aide et lorsque je suis à Kaptagat, je m’entraîne avec les athlètes PACE comme les Kenyens Mark Kiptoo, Micah Kogo et Emmanuel Bett. »
Kipsiro a été présenté au directeur de PACE, Ricky Simms, qui gère aussi l’entraînement d’Usain Bolt et de Mo Farah par l’intermédiaire de l’Ougandais Boniface Kiprop. Ils se sont rencontrés au cours des Championnats mondiaux de course de fond de l’IAAF de 2005, où Kipsiro a terminé 21e dans la catégorie junior. Après un an sous la direction de Simms, il a obtenu le très convoité titre de champion africain du 10 000 m.
Selon les bons conseils de Simms, Kipsiro a déménagé en Angleterre pendant la saison estivale de course sur piste, où il s’est notamment entraîné avec Mo Farah.
« Kipsiro et Farah se sont entraînés ensemble entre 2005 et 2011 », se souvient Simms. « Ils avaient une forme physique très semblable avant les Jeux olympiques de 2008, où Kipsiro a terminé au quatrième rang. Avant les Jeux olympiques de 2012, je m’attendais à ce que Kipsiro obtienne une médaille, mais il est tombé à la finale du 10 000 m et s’est blessé à l’épaule. »
Ces jours-ci, son programme d’entraînement en vue du marathon est supervisé par Mike Skinner, un coureur international anglais qui travaille pour PACE. Au Demi-marathon de Delhi en 2015, Kipsiro a obtenu un temps de 60:41, ce qui indique qu’il a un potentiel énorme pour le marathon.
Il y a deux ans, Kipsiro a été pris dans une controverse lorsque plusieurs jeunes Ougandaises sont venues le voir et lui ont affirmé avoir été agressées sexuellement par un entraîneur national. Kipsiro a dénoncé cet entraîneur, ce qui a mené à son arrestation puis à son incarcération. La situation est devenue très intense pour Kipsiro, qui a reçu des courriels de menaces.
Comme plusieurs autres coureurs de l’Afrique de l’Est, Kipsiro se fait un devoir d’aider les membres de sa famille. Il a huit frères et quatre sœurs et ils sont nés dans le district de Bukwo, en Ouganda. Ils ont grandi dans une famille modeste, sur une petite ferme. Lorsqu’il était encore jeune, des voleurs de bétail d’une tribu rivale ont attaqué leur ferme et volé les animaux. Avec ses premiers cachets de coureur, il a acheté du bétail pour sa famille.
Il a maintenant lui-même une famille et planifie minutieusement son avenir puisqu’il ne sait jamais combien il gagnera avec ses performances.
« Je suis marié et j’ai trois filles. Elles ont 7, 4 et 2 ans », indique-t-il avec fierté. Lorsque j’ai du temps libre et que je veux me détendre, je passe du temps sur ma ferme. J’ai planté du maïs et je m’occupe des vaches. »
« J’ai aussi un côté entrepreneurial. J’ai une entreprise de construction et de bois d’œuvre. Lorsque ma carrière de coureur sera terminée, j’aurai de quoi m’occuper et gagner ma vie. »
Bien que sa carrière de coureur soit presque derrière lui, il demeure ambitieux.
« Mon objectif est de toujours faire mieux à la prochaine épreuve », révèle Kipsiro. « Pour le moment, je me concentre sur l’épreuve d’Ottawa, pour bien y performer. Après, j’analyserai mes options, mais à long terme, je vise Tokyo 2020. »