De la piste au bitume : la Kényane Isabella Ochichi poursuit sa transition au Marathon d’Ottawa Banque Scotia
par Justin Lagat
Une foule de raisons peuvent expliquer pourquoi une coureuse d’élite comme Isabella Ochichi ne répond pas au téléphone la première fois que vous tentez de l’appeler. Pour une personne qui vise le podium au Marathon d’Ottawa Banque Scotia, l’entraînement et la récupération prennent du temps. Et pour une athlète qui travaille en plus comme sergente-chef pour la police du Kenya, les moments libres pour rendre les appels sont rares.
Lorsqu’elle m’a rappelé, Ochichi était charmante, s’excusant d’avoir manqué mes appels et s’informant de ma journée avant de vérifier que le moment me convenait pour faire l’entrevue.
Jusqu’à maintenant, ses préparatifs pour le Marathon d’Ottawa vont bon train. En décembre dernier, elle a fait un temps respectable de 2 h 29 min 45 s au Marathon d’Honolulu, dans des conditions chaudes et humides. Faits plus intéressants encore : son chrono de 1 h 09 min 03 s au demi-marathon de Prague le 2 avril et sa victoire au demi-marathon Hapalua à Hawaii le 10 avril, en 1 h 10 min 37 s. Puis, le 20 avril, elle remporte le 10 000 m des Championnats de la police du Kenya. Des temps qui laissent à croire qu’elle pourrait finir le Marathon d’Ottawa en 2 h 24 ou 2 h 25, et peut-être même l’emporter.
Le parcours d’Ochichi jusqu’ici est impressionnant. Reste à voir si elle brillera autant sur le bitume que la piste, où elle a multiplié les titres pendant plus d’une décennie, notamment une médaille d’argent au 5 000 m des Jeux olympiques d’Athènes en 2004 grâce à un chrono de 14 min 48 s 19.
Un bon exemple d’athlète ayant réussi cette transition est son compatriote Eluid Kipchoge, qui a remporté le Marathon de Londres en avril en 2 h 03 min 05 s, après une longue et fructueuse carrière sur piste. Tout comme Ochichi, il avait remporté la médaille d’argent au 5 000 m des Jeux d’Athènes.
« Mes objectifs pour Ottawa? Battre mon meilleur temps, établir un nouveau record et gagner ou terminer sur le podium. »
« Le record du marathon en sol canadien de 2 h 22 min 42 s établi par Sharon Cherop en 2010 semble un peu loin de mon meilleur chrono, mais je vais tenter le coup. Je donnerai tout ce que j’ai à Ottawa et advienne que pourra. »
Ochichi s’entraîne à Ngong (Nairobi), mais elle avoue qu’elle n’est pas très sélective quant aux endroits où elle s’entraîne.
« Si la température est bonne, je peux m’entraîner n’importe où. »
S’entraîner soi-même demande concentration et discipline – deux qualités qu’Ochichi possède en fortes doses et qui lui permettent de réussir le coup. Cette fortitude mentale, elle y puise également pour faire la transition de la piste au marathon. Malgré des problèmes physiques, notamment cette blessure subie en 2006 qui l’a ralentie pendant plusieurs années, elle garde le cap. Et aujourd’hui, elle remercie Dieu d’avoir pu se remettre de ses blessures et reprendre la compétition au niveau professionnel.
« Je gère moi-même mon entraînement depuis longtemps et je crois que je le fais de mieux en mieux. Je tire encore beaucoup de leçons de mes expériences. Je connais les programmes qui ont fonctionné pour moi dans le passé et les erreurs que j’ai commises. »
Ochichi est déjà venue au Canada, mais elle n’y a encore jamais couru.
« Ce sera ma première course au Canada. Je suis très excitée de courir sur un nouveau parcours et dans un nouvel environnement », conclut-elle.