Naissance du « Canada’s Magnificent Marathon » : les années 70
Le Marathon international d’Ottawa Tartan est peut-être le plus important marathon au Canada, mais il y a 49 ans, il était de petite envergure. Très petite en fait. Ce n’était rien comparativement à ce qu’il est aujourd’hui. En 1975, il n’y avait pas de divertissement, pas de lapin de cadence ni de grand commanditaire. Les coureurs ne portaient pas de moniteur de fréquence cardiaque ni de ceinture à bouteille d’eau. L’événement inaugural a accueilli 146 participants, qui portaient un dossard en tissu avec un numéro écrit à la main et qui étaient prêts à courir sur 42,2 kilomètres.
Le 25 mai 1975, ce petit groupe de coureurs ne savait pas encore qu’ils marquaient le début d’un demi-siècle de course dans la capitale nationale, ni que ce marathon de petite envergure allait évoluer en l’un des événements de course les plus importants au pays.
Un moment pour montrer le fruit de ses efforts
Le premier coureur à avoir franchi la ligne d’arrivée lors du marathon inaugural en 1975 n’avait même pas prévu de participer à l’événement. Mehdi Jaouhar s’est laissé convaincre par son colocataire de courir, et il n’a jamais participé à un autre marathon par la suite. Par contre, plusieurs des autres gagnants des éditions des années 1970 sont devenus de grands noms dans le monde des marathons. Pensons notamment à Jerome Drayton, Wayne Yetman et Mike Dyon.
Lorsque Dyon a remporté la course en 1977, il s’agissait de son premier marathon, mais il avait dit « qu’il était venu pour gagner ». Il a dépassé le plus grand groupe de coureurs jamais rassemblé pour un marathon au Canada, soi t1250 participants. Et ce n’était pas le dernier marathon de Dyon à Ottawa : il a aussi remporté l’événement en 1981 et en 1983. Il est aussi devenu président de Brooks Canada et une figure de proue de la communauté canadienne de coureurs.
En 1978, Brian Maxwell a été le premier à franchir la ligne d’arrivée lors de l’événement le plus serré de l’histoire du Marathon d’Ottawa. En effet, il a battu Paul Bannon par une seule foulée, et des représentants de journaux du monde entier étaient présents pour couvrir l’événement. Les deux hommes ont ensuite représenté le Canada à l’échelle internationale. Maxwell a aussi connu du succès dans le monde des affaires : il a inventé les barres PowerBar avec son épouse, Jennifer Biddulph.
Et où étaient les coureuses?
Aujourd’hui, plus de la moitié des participants de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa sont des femmes. Mais ce n’était pas le cas en 1975. Seulement trois coureuses ont participé au premier marathon. Eleanor Thomas, d’Ottawa, était l’une d’entre elles. Elle s’était mise à la course seulement quatre années auparavant, mais elle a réussi à être la première femme à franchir la ligne d’arrivée en 1975 et en 1976.
« À l’époque, il y avait des hommes qui ne voulaient pas qu’une femme finisse avant eux », indique Thomas. « Certains essayaient de me dépasser. C’était vraiment drôle parfois. »
Elle se souvient qu’un coureur a même essayé de l’empêcher de terminer l’épreuve avant lui en la dépassant et en ralentissant juste devant elle. Mais au fur et à mesure que davantage de femmes se sont mises à la course, Thomas affirme que les coureurs sont passés à autre chose.
Une autre pionnière (qui a été intronisée au temple canadien de la renommée de la course sur route), Diane Palmason, a été inspirée en voyant la photo d’Eleanor Thomas qui franchit la ligne d’arrivée en 1975 sur la page couverture du Ottawa Citizen. Elle s’est inscrite à l’édition de 1976. Pendant l’épreuve, son fils de 12 ans faisait du vélo derrière elle pour s’assurer qu’elle garde une cadence de 9 minutes par mile. Si elle terminait un mile trop rapidement, elle marchait pendant 9 minutes par la suite. Mais ce marathon n’était que le début pour Palmason : elle a participé à 77 marathons au fil des années.
La légendaire marathonienne canadienne Jacqueline Gareau a aussi fait ses débuts à Ottawa. Elle a participé à l’édition de 1978, où elle a terminé au deuxième rang, et elle a remporté l’épreuve l’année suivante.
« Le Marathon d’Ottawa était le meilleur événement au Canada », souligne Gareau. « Tous les Montréalais voulaient y participer. »
Et c’est encore le cas. Au moment de publier le présent article, le groupe de participants provenant de Montréal est le deuxième en importance pour l’édition de 2024.
Un marathon pour tous
Alors que la popularité de la course sur longue distance commence à augmenter à la fin des années 1970, le Marathon d’Ottawa attire de plus en plus de jeunes coureurs. En 1977, Adrian « Punky » Baird a participé à l’événement alors qu’il était âgé de seulement 13 ans, en tant que membre de l’East Ottawa Lions Club. Il a de nouveau participé en 1978, mais il n’a plus fait de marathon par la suite.
« J’étais très naïf », mentionne Baird. « Personne ne te disait ce que tu pouvais faire ou ne pas faire, ni à quel point c’était difficile. »
En 1979, Alan Forster, âgé de 9 ans, a participé au Marathon d’Ottawa avec son père. Il a même terminé devant son père, et il a participé à trois autres marathons avant son 11e anniversaire.
« Les gens étaient surpris de voir un enfant sur le parcours », se souvient Forster. « Quand tu es enfant, tu ne le remarques pas. Mais c’était définitivement particulier comme situation. »
Un autre duo père-fils était le célèbre marathonien Ed Whitlock et son fils de 14 ans, Clive. Ils ont participé ensemble en 1976, et ont remporté la compétition père-fils avec un temps de 2:52:00. Ils ont aussi participé ensemble en 1977. En 1978, Ed a changé de partenaire pour courir avec son fils Neil, âgé de 18 ans. L’année suivante, il a couru seul, terminant avec un record personnel de 2:33:00.
Mais comme bien d’autres coureurs, la présence d’Ed au Marathon d’Ottawa se poursuivra jusque dans les années 1980.
Le mois prochain, nous passerons en revue cette décennie dans l’histoire du Marathon.
Faits intéressants sur les années 1970 :
● En 1975, le parcours du Marathon commençait et se terminait au campus de l’Université
Carleton.
● By1976, le nombre de participants avait plus que triplé, passant à 500, et en 1979,
2 932 personnes ont foulé le parcours.
● Arthur Taylor a établi le record canadien des vétérans au marathon en 1977, avec un
temps de 2:27:17. Ce record tient toujours.
● Le célèbre marathonien Jerome Drayton a remporté l’édition de 1979 par une si grande
avance —XX— qu’il a qualifié l’épreuve « d’ennuyante ».
Le 50e anniversaire du Marathon international d’Ottawa Tartan sera la plus grande fête de la course à pied au Canada en 2024 ! Inscrivez-vous dès maintenant à la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa, les 25 et 26 mai !