Entrevue : John Halvorsen – président de Courez Ottawa
Ce mois-ci, nous avons interviewé John Halvorsen, président du conseil d’administration de Courez Ottawa. Halvorsen n’est pas seulement une grosse partie du succès continue de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa, il est aussi un ancien champion norvégien au 5 000 et au 10 000 mètres, deux fois médaillé olympique, et quatre fois (c’est un record) champion au cross-country des universités canadiennes. Il a également établi le record du 10K d’Ottawa en 1988 (28:12), qu’il a détenu pendant plus de 20 ans.
1. Comment vous êtes-vous mis à la course de distance ?
JH : J’ai grandi en Norvège, où le foot et le ski de fond était les sports les plus populaires. Mon frère aîné, qui était plutôt un skieur, mais qui faisait de la course comme entraînement croisé, a été invité par un club de piste local à participer à un relais sur route, et je l’ai juste suivi. J’avais 10 ou 11 ans. Je n’étais sûrement pas particulièrement bon à l’époque, mais j’ai persévéré et, une fois que les courses se sont allongées, tout ça a pris le départ à partir de là. Ça fait que j’aime mettre cette affaire de course sur le dos de mon frère.
2. Quand avez-vous sur que vous étiez vraiment sérieux concernant cette ‘affaire de course’ ?
JH : Ma famille est déménagée à Ottawa en 1980 quand mon père est devenu Attaché de la Défense à l’ambassade de Norvège. J’ai commencé à courir en cross-country en 9e année au Sir Robert Borden High School d’Ottawa et j’ai fini par faire de la compétition à la FASSO, où j’ai été 13e la première année. Puis, en 12e année, je suis retourné en Norvège pour un an et j’ai été connecté avec l’entraîneur de développement de l’équipe nationale. C’est là que la course est vraiment devenue sérieuse pour moi. L’année suivante je suis revenu à Ottawa pour la 13e année et j’ai fini par remporter la FASSO.
3. Comment avez-vous modifié votre entraînement après avoir été nommé sur l’équipe de Norvège ?
JH : Il y avait là un appui additionnel et plus de structure. Un de mes messages clés aux jeunes coureurs qui veulent réussir, c’est que vous avez besoin d’un entraînement à plutôt long terme et plutôt constant. C’est ce que j’ai eu et ça m’a élevé à un niveau différent. Il y avait aussi certaines choses intangibles à être sur l’équipe, comme le sentiment d’appartenir à un groupe d’élite, ce qui fut, je pense, très important pour moi mentalement. Les discussions que nous avons eues et la planification que nous avons faite avec les entraîneurs de l’équipe nationale ont été une affirmation de mon appartenance à ce niveau.
4. Pourquoi avez-vous décidé de revenir au Canada et de fréquenter l’Université d’Ottawa ?
JH : C’était juste un facteur de confort. La première raison pour laquelle je suis revenu, c’est que mon frère était encore ici. J’avais aussi beaucoup d’amis ici, de l’école secondaire, et, même si j’avais la possibilité d’aller à l’école ailleurs, comme aux U.S.A., j’étais sûr que c’est ici que je voulais être. Je crois que la chose la plus importante pour un athlète, c’est d’être à l’aise et heureux dans son environnement.
À l’Université d’Ottawa, nous avons fini par bâtir l’une des équipes de cross-country les plus fortes jamais vues au Canada. Tout le monde sur l’équipe était à un niveau d’équipe nationale et, pour être un membre d’équipe qui comptait, vous deviez courir un 10K en moins de 30 minutes.
5. Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans l’organisation de la Fin de semaine des courses Tamrack d’Ottawa ?
JH : Le fait de prendre part à un grand nombre de courses sur routes aux États-Unis m’a montré que des activités de ce genre pouvaient être, avec beaucoup de succès, une partie très importante du tissu urbain et être une force motrice de cueillette de fonds, de tourisme et d’athlétisme pour tout le monde. À l’automne de 1999, je parlais à l’un des membres bénévoles du conseil de la Fin de semaine des courses et j’ai dit « Je pense qu’il y a beaucoup de bonnes choses que nous pouvons faire à Ottawa pour la ville si nous comprenons comment débloquer les possibilités ». Et il a dit « Pourquoi ne te mets-tu pas les mains à la pâte ? » Je l’ai fait, d’abord en devenant un membre général du conseil, puis en devenant directeur des courses bénévole, et maintenant président.
6. Quels sont vos buts futurs pour cet événement ?
JH : Pour l’avenir, notre gros problème maintenant, c’est de savoir comment gérer la croissance. La course peut-elle s’accroître encore plus ? Oui. Mais cela doit être géré avec soin. Un de mes buts, c’est de faire grandir le Marathon pour qu’il soit le plus important au Canada et qu’il devienne un événement plus significatif sur le calendrier de l’Amérique du Nord. J’adorerais aussi voir le Marathon ou le 10K devenir une activité « Gold Label » de l’IAAF. C’est sûrement possible. Mais toujours, c’est l’amélioration générale de l’expérience du coureur qui vient en premier lieu.
7. Pourquoi pensez-vous que la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa est un tel succès ?
JH : Pour moi, la fin de semaine est un succès à cause de la participation de nos bénévoles. Il y a aussi un processus constant d’amélioration et de raffinement au lequel le directeur des courses et le comité des courses participent après chaque édition. Nous nous demandons : « Qu’est-ce qui a bien marché ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Qu’est-ce que nous pouvons faire de mieux ? » en nous appuyant sur ce qui s’est passé et sur les opinions que nous recevons. Par exemple, nous savons qu’il y a eu des plaintes concernant la congestion dans certaines courses, et nous travaillons sur des façons d’améliorer cet aspect. Ça devient un processus qui roule à l’année longue.
8. Qu’est-ce que vous aimez de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa ?
JH : Ce que j’aime de la fin de semaine, c’est d’avoir la chance d’observer les gens terminer leurs courses, que ce soit un 5K, un 10K ou un Marathon, et d’être témoin de leur haut fait et de la façon dont ils le partagent avec leur famille et leurs amis. Il y en a qui deviennent très émotifs à cause de leur succès à la course ou parce qu’ils courent pour une raison. C’est très satisfaisant de penser que nous jouons un rôle là-dedans.
9. Pour finir, qui ou quoi vous a inspiré, au fil des années, comme coureur d’élite de longue distance ?
JH : À partir de mon jeune âge, quand j’ai commencé à faire de la course, j’ai admiré la coureuse norvégienne Grete Waitz. Je l’ai vue courir et gagner de nombreux championnats mondiaux de cross-country, pour ensuite gagner le Marathon de New-York à neuf reprises. Elle est décédée d’un cancer en avril dernier mais non sans créer une importante fondation norvégienne pour le cancer (http://www.aktivmotkreft.no/, qui veut dire au fond Active contre le cancer). Nous avons aussi accueilli Grete ici, à Ottawa, en 2005. Elle a été quelqu’un qui m’a vraiment servi de modèle dans ma jeunesse et que j’ai eu la bonne fortune de pouvoir connaître plus tard comme adulte.