Vous êtes ce que vous célébrez

par Colin Vincent, MSW, RSW

Deux coureurs s’approchent de la ligne d’arrivée au marathon d’Ottawa Banque Scotia de 2014, se tenant par le bras en signe de solidarité. L’un d’eux boite et est visiblement indisposé tandis que l’autre le soutient en lui soufflant des mots d’encouragement à l’oreille. La sueur ruisselle abondamment sur leur visage. N’en pouvant plus, les muscles de leurs mollets se crampent. Les spectateurs applaudissent et acclament les coureurs à chaque difficile pas.

Au moment où les deux coureurs franchissent ensemble la ligne d’arrivée, leur visage grimaçant de douleur se fend en un large sourire. Ils lèvent les bras simultanément, triomphants, en se tenant toujours par la main : c’est leur façon de célébrer spontanément le terme de cette exigeante épreuve.

Ces gestes de célébration se répètent des milliers de fois aux quatre coins de la ville pendant la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa. Qu’il s’agisse de gamins et de coureurs qui se tapent les mains sur la rue Fairmount, de gens qui font le signe de la victoire le long de la rue Elgin ou de foules en délire à la ligne d’arrivée, toutes ces ondes positives contribuent à créer l’atmosphère époustouflante de la fin de semaine.

Mais célébrer apporte bien davantage.

Cela renforce la cohésion sociale

Célébrer n’est pas seulement agréable, cela aide aussi l’être humain à se définir en tant qu’individu et en tant que membre d’un groupe ou, comme je me plais à le penser, d’une très grosse équipe (en travaillant en collaboration tout en étant en compétition sur le plan individuel). Selon le psychologue du sport Martin Perry, célébrer « rassemble l’équipe pendant un moment d’intense émotion et aide à créer des liens entre les joueurs ». [1]

 

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Les rituels de célébration – repas de fêtes, festivals saisonniers ou franchissement de la ligne d’arrivée les bras levés haut – font partie de notre identité, de notre ADN collectif. Ils nous aident non seulement à reconnaître nos réalisations individuelles mais aussi à dire qui nous sommes au sein d’une collectivité, dans la région de la capitale nationale ou ailleurs en tant que membres de la grande communauté des coureurs.

Célébrer ensemble nous rassemble. Mais ce n’est pas tout.

Cela peut aussi améliorer la performance

Outre le fait que les célébrations nous aident à nous définir, il est de plus en plus manifeste que célébrer (et être célébré) peut favoriser les états d’esprit comme la bonne volonté, la confiance en soi et l’optimisme, qui, à long terme, induisent une performance élevée.[1] En substance, célébrer apporte de la satisfaction et lorsqu’on se sent satisfait (confiant ou optimiste, par exemple), il est facile de trouver et de conserver la motivation qu’il faut pour poursuivre l’entraînement normal.

 

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Dans la même veine, les recherches sur le sport permettent d’établir une corrélation entre la célébration en équipe et la réussite de l’équipe. En effet, les chercheurs ont découvert que les équipes de basket-ball qui soulignent leurs bons coups par un contact physique (en se tapant les mains ou les poings, en se faisant l’accolade ou en se serrant les uns contre les autres, par exemple) coopéraient mieux et réussissaient mieux que les autres équipes. Cela a amené le psychologue Christopher Peterson à conclure que « même les petits gestes de célébration peuvent avoir d’importants effets cumulatifs sur la performance d’une équipe ».[3]

 

Savoir célébrer en trois trucs :

  1. Célébrez chaque étape. Laissez place à des mini-célébrations durant votre préparation à votre grande course. Après tout, ce sont les mois de courses d’entraînement sans prestige et généralement sans fanfare qui vous permettent de franchir la ligne d’arrivée en un temps record.
  2. Accordez-vous un moment de réflexion. Certes, cela peut enlever de la spontanéité à votre humeur, mais prenez un instant pour penser au sentiment de satisfaction qui naît de la célébration et du travail acharné qu’il vous a fallu pour atteindre votre objectif. Vous pourrez éprouver de nouveau ces émotions la prochaine fois que vous relèverez un grand défi.
  3. Adoptez un rituel. Que vous vous tapiez les mains devant un café, en groupe, après une longue cours ou que vous savouriez la bière de Rob Watson accompagnée de biscuits après chaque marathon, un rituel de célébration vous encouragera à continuer.

 

Alors lorsque vous amorcez un nouveau plan d’entraînement ou que vous envisagez de futures courses, ne vous gênez pas pour célébrer vos étapes de course avec quiconque fait partie de votre « équipe » : d’autres coureurs, de la parenté, des amis, des collègues. Cela va non seulement accroître votre sentiment d’appartenance à la grande communauté des coureurs mais aussi vous donner le petit coup de pouce qu’il vous faut pour « rester dans la course » encore longtemps ou pour établir une nouvelle référence personnelle.

 

Colin Vincent est travailleur social autorisé et travailleur social hospitalier auprès de Lanark County Mental Health. C’est aussi un mordu de la bonne forme physique qu’on peut souvent voir courir sur les petites routes rurales du comté de Lanark à l’heure de son repas de midi. Il va faire sa première épreuve de 10K à la course de fond Jim Howe Memorial en octobre prochain.

 

[1] Voir http://www.themartineffect.co.uk/

[2] Voir par exemple ce qu’E. Scott Geller a à dire du renforcement positif, de la récompense et de la reconnaissance en matière de sécurité du travail.

[3] Voir http://www.psychologytoday.com/blog/the-good-life/201012/team-celebration-and-performance